« Ce sommet a des ambitions multiples sans garantie de paix »

Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouvent ce 15 août dans l'Etat de l'Alaska aux Etats Unis dans le cadre d'un tête-à-tête.  Quels peuvent être, selon vous, les enjeux de cette rencontre ?
 Il est possible d’emblée d’envisager effectivement quelques enjeux potentiels de cette rencontre. D’abord, un repositionnement diplomatique américain où le président pourrait chercher à réorienter la politique étrangère des États-Unis, rompant avec la ligne dure de l’administration antérieure de Joe Biden, avec une possibilité de pressentir une négociation directe avec Moscou, sans passer par l’OTAN ou l’UE. Ensuite, le gel ou une fin du conflit russo-ukrainien par la tentative de négocier un cessez-le-feu ou un accord de paix partiel avec éventuellement des discussions sur un partage territorial et du statut futur de l’Ukraine. Puis, il y a les messages politiques internes. Pour Trump, montrer la stature internationale de son nouveau mandat à l’approche, bien évidemment, des élections de mi-mandat (midterms) du 04 novembre prochain. Pour Poutine, légitimer sa position internationale, malgré les sanctions occidentales. Enfin, des enjeux géostratégiques globaux en l’occurrence le rééquilibrage des alliances (Russie–Chine–Iran vs Occident), l’impact possible sur les engagements militaires américains en Europe dont il faudra compter les réactions rédhibitoires possibles de l’Ukraine, de l’UE et de l’OTAN, surtout si Trump agit de manière unilatérale. C’est dire que le sommet prévu en Alaska, ce vendredi 15 août entre Donald Trump et Vladimir Poutine, leur première rencontre depuis 2021, en alimentant attentes diplomatiques et scepticisme, a des ambitions multiples sans garantie de paix. Si certains imaginent un pas décisif moins belligène, beaucoup, , ne croient pas à un bouleversement immédiat du conflit en Ukraine. A Moscou, l’objectif est de profiter de cette rencontre pour consolider les acquis militaires et imposer les priorités russes. A Washington, il est davantage question « de clore rapidement le dossier ukrainien et passer à autre chose », en cherchant à normaliser les relations avec Moscou. A Kiev, la majorité des compatriotes du président Volodymyr Zelensky espère un règlement politique rapide du conflit, mais les exigences maximalistes de la Russie et l’inconstance du président américain les inquiètent et les poussent au réalisme. 

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n'a pas été convié à cette rencontre. Qu'est-ce qui peut expliquer cette absence ? 
La non-participation du président ukrainien à la rencontre Trump-Poutine de ce 15 août 2025 en Alaska peut s’expliquer par plusieurs facteurs géopolitiques et diplomatiques. En premier lieu, l’approche bilatérale Trump-Poutine. Donald Trump a toujours montré une préférence pour les discussions directes avec les « grands » (leaders des grandes puissances), au détriment des processus multilatéraux. L’objectif pourrait être de convenir d’un cadre général ou d’un « deal » entre Washington et Moscou avant d’impliquer Kiev. En second lieu, la tentative d’imposer un rapport de force. L’absence du président ukrainien affaiblit symboliquement la souveraineté de ce pays dans le règlement du conflit. Cela peut traduire une volonté de forcer Kiev à accepter un compromis dicté par les grandes puissances, surtout si l’option américaine vise à « finir la guerre » rapidement. En troisième et dernier lieu, le cessez-le-feu possible, mais paix incertaine. Un cessez-le-feu est envisageable, si Trump et Poutine trouvent un terrain d'entente sur un gel du conflit, un partage territorial ou des garanties de sécurité. Mais la paix durable reste improbable sans l’accord actif de l’Ukraine. La population ukrainienne et ses dirigeants p...