Filière avicole : du plomb dans l’aile

Entre les crises sociales et sanitaires qui ont entraîné une hausse du coût du maïs et une baisse de la production, l’élevage de poulet est aujourd’hui peu rentable et moins attractif.

C’est un peu comme un aliment phare, un plat incontournable dans toutes les rencontres festives. Le poulet est ainsi l’une des viandes les plus appréciées par les consommateurs camerounais. Seulement, pouvoir s’offrir cette viande blanche relève désormais pratiquement du luxe. C’est qu’au fil du temps, la volaille se fait rare sur le marché, rendant son coût et celui de ses produits dérivés comme l’œuf, exorbitant. Le poulet, jadis accessible à toutes les bourses il n’y a pas longtemps est devenu un plat pour les riches. Par ailleurs, le produit n’est toujours pas disponible. Il arrive en effet des jours où les étals de revendeurs dans les marchés sont vides. Un poulet est vendu aujourd’hui entre 4000 F pour le petit et 12000 F le plus gros dit reformé. Pour comprendre cette hausse, il faut interroger la chaîne de production. Un état des lieux de la filière laisse apparaître un fait : l’élevage de la volaille connaît une forte turbulence. Résultat : baisse de production, abandon de l’activité, cherté des intrants et manque de source de financement.
En effet, après le Covid-19 et la crise russo-ukrainienne ayant entraîné une flambée des prix des céréales sur le marché international, la filière avicole a du mal à se remettre sur les rails. A ces évènements, s’ajoute l’épizootie de grippe aviaire en 2016-2017 dans la région de l’Ouest qui pesait 80% de la production nationale et à la suite de laquelle le gouvernement avait interdit la circulation de la volaille incriminée d’une région à l’autre avec à la clé une campagne d’abattage.  
Les éleveurs qui ont enregistré des pertes énormes ont connu un important ralentissement de leurs activités, ce qui les a poussés à revoir leur production à la baisse ou tout simplement à abandonner l’élevage. Les plus grosses fermes dont certaines sont situées dans l’Ouest du pays et dont le cheptel a été décimé en grande quantité ont même fermé boutique, laissant la place aux petits producteurs qui travaillent inlassablement pour approvisionner le marché malgré tout. De plus, le prix du maïs qui constitue 55% de l’aliment des poulets, a connu une hausse considérable. D’environ 180 F le kilogramme en 2016, le maïs est passé en 2024 à 360 F le kilogramme. Aujourd’hui il est d’environ 270 F et risque de flamber. En 2017-2018, la filière produisait environ 54 millions de poulets par an. Mais le maïs a vu son prix augmenter de 63% en cinq mois, entraînant une importante incidence sur le prix de revient, rendant les produits aviaires très chers. Ce qui justifie la faillite de nombreuses entreprises avicoles dont la plus représentative est le Complexe avicole de Mvog-Betsi à Yaoundé. Par ailleurs, selon les informations recueillies au sein de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), la production de poulets et des œufs de table a entamé une baisse inquiétante depuis 2016. La même année, le cheptel en poules pondeuses étaient de neuf millions de têtes et celui des reproducteurs chair de 300 000 têtes. Mais avec les crises successives, le ch...

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