Monde rural : la magie du cacao

Dans les bassins de production où les cacaoculteurs savent désormais qu’ils peuvent vendre le kilogramme de fèves à près de 4000 F, la vie est en train de changer.


Pas besoin d’avoir l’odorat fin pour humer les effluves des fèves de cacao dans la localité de Nkok Bong, arrondissement de Monatélé, ce jeudi 12 septembre 2024. Plus on avance, plus elle se fait persistante. Normal ! Devant chaque maison de ce village enclavé, des fèves sont séchées sur des bâches. A certains endroits, on peut apercevoir des gens remuant ces graines sans doute pour qu’elles reçoivent mieux les rayons de soleil.
Plus elle est sèche, plus elle est de qualité. C’est assis sur une chaise en plastique que Jean Baptiste Metomo, un sexagénaire très sympathique, surveille son cacao étalé sur une bâche bleue. Derrière, sa plantation et tout près, sa maison…en chantier. Il n’a pas détruit celle qui existait déjà. La nouvelle maison en matériaux définitifs est en train d’être élevée. Il s’agit d’un terre-plein modeste qui sera certainement achevée au terme de la campagne en cours. Il a quand même vendu le kilo à 4000 F lors de la dernière campagne. « Ça n’a pas souvent été comme ça. Nous réussissons à faire beaucoup de choses. Construire des maisons, comme ce que vous voyez là. On envoie les enfants à l’école, on acquiert de nouveaux champs », témoigne Jean Baptiste Metomo. Il espère, au terme de la campagne officiellement lancée il y a un mois, mettre la charpente, crépir les murs et autres.
Et il n’est pas seul. On peut en effet voir des signes extérieurs de bien-être chez les autres habitants de ce village. Les hommes sont plus entreprenants, les femmes plus apprêtées. D’ailleurs, ce jeudi est jour de marché. Toutes y convergent pour faire des provisions. Désormais ici, on peut se permettre certains extras comme renouveler sa garde-robe, améliorer son alimentation. D’ailleurs l’hospitalité est une réalité ici. On partage aisément boissons et nourritures avec des étrangers. « Je ne sais pas ce qui peut dépasser le cacao pour le moment. Tout le monde s’y met d’ailleurs.Vous voyez le village vide comme ça, les gens sont dans les champs. C’est une très bonne période pour le planteur et les villageois comme nous. On veut même que le prix augmente davantage pour atteindre les 6000 F le kg. C’est vrai que ces dernières années, le cacao ne produit plus beaucoup. Mais, j’espère que la production va augmenter au fur et à mesure pour que je puisse arriver à dix tonnes dans quelques années », lance Jean Baptiste Metomo.
Elle est donc réelle, la fièvre du cacao dans les localités productrices. Sur le chemin d’Ebebda, toujours dans le département de la Lékié, l’un des principaux bassins de production du pays,  des jeunes transportant des cuvettes de cacao décabossé sont en route pour la maison. Ils sortent du champ où ils ont effectué la récolte. L’air fatigué (ils en sont à leur énième tour), ils vont parquer ces fèves quelque part pour la fermentation avant de les sécher et ensuite aller sur le marché récolter le fruit de leur labeur. « La bonne fermentation, c’est six jours. Pour bien sécher, quand il y a le soleil, on peut le faire entre quatre et cinq jours. Nous avons bon espoir que nous allons vendre à un bon prix. Comme le cacao n’a pas beaucoup produit, on aura environ deux tonnes pour les ventes de cette campagne. On espère qu’on pourra résoudre une bonne partie de nos problèmes », témoigne Bodo Mani, jeune planteur de la localité de Bilik Bindik. Le lieu de fermentation, une bâtisse située tout près de la maison, elle-même nouvellement construite.  

Le nouvel attrait
A Ebebda 1, on croit dur comme fer aux beaux jours du cacao, le « Kekaa », comme on l’appelle ici. « Les informations qui nous parviennent sont encourageantes. Ce qui fait que tout le monde s’implique. Lors de la dernière campagne, le kilogramme était cédé à 2000-2500 F. Tous les cacaoculteurs ont commencé à sourire. Pendant l’inter-saison, les prix étaient encore plus hauts. Malheureusement, nous n’avions plus de production. Moi, je suis entré dans la cacaoculture quand le kilo était à 500 F. Donc je peux vraiment apprécier l’évolution. Pour cette campagne, on a reformé notre coopérative et on voudrait que le marché se passe en groupe pour jouer avec le prix. Actuellement, on nous parle de 3500-4000 F le kilo», témoigne Laurent Mevo Ngono, producteur qui espère livrer au moins une tonne à la coopérative pour cette saison. « Ces bons prix font développer l’esprit. Les idées changent. Les gens sont plus entr...

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