Un anniversaire, comme une veillée d’armes

A onze mois de la prochaine élection présidentielle, et en ce jour-anniversaire de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, le ciel réputé calme de Yaoundé est subtilement bruissif. La chronique politique, judiciaire et sociale est plutôt fournie. Des rumeurs extravagantes traversent le firmament, puis s’évanouissent comme des étoiles filantes, sans parvenir à troubler –ou si peu- le rythme des jours. Pourquoi donc ? Mais parce que le régulateur, le maître des horloges, Paul Biya, est à la manœuvre, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense. Il vient encore de le prouver. Malgré les outrances, la fourberie politicienne, la complaisance médiatique, culminant jusqu’à l’annonce effarante de sa propre mort, il demeure imperturbable. Au fond, il n’est pas, contrairement à ses pairs, obsédé par la communication et l’écume des jours. Entendez : par la visibilité et le verbiage intello-mondain, voire médiatique. Cela lui donne un avantage indéniable sur ses adversaires : la sérénité et le sens des priorités. Il en va ainsi depuis 42 ans.
Depuis l’aube de son premier mandat présidentiel, sa vision, son ambition d’homme d’Etat sont matérialisées sur dans programme politique dont la colonne vertébrale, enrichie et adaptée aux évolutions, repose dans la modernisation et le développement du Cameroun. L’objectif majeur de sortir le Cameroun de la grande pauvreté et de le hisser au rang de pays émergent a ceci de particulier qu’en s’appuyant sur une politique libérale à visage humain, il n’entend pas sacrifier l’individu à cette cause, mais postule plutôt son bien-être et son épanouissement comme finalité ultime de l’action politique.
Ainsi, comme le fleuve qui coule, impétueux, vers son destin, à la rencontre de la mer, pour une étreinte fusionnelle, le Cameroun de Paul Biya sait où il va, depuis 42 ans. Bon an mal an, malgré les épreuves et les obstacles, il a construit une démocratie solide et stable, une société ouverte et créative, multiculturelle et tolérante, et une économie en progrès, dont l’appareil de production, clé de voûte de l’activité industrielle, reste à consolider. Cependant, afin d’esquisser un bilan global objectif de l’œuvre, il paraît indiqué d’évaluer les difficultés de parcours. Car à tous points de vue, la trajectoire du Renouveau apparaît comme un parcours d’obstacles. Paul Biya a dû affronter des crises multiformes et variées, une tentative de putsch et une rébellion armée, sans compter le terrorisme islamiste et une corruption dévastatrice, pour dire le moins.
Et pourtant, malgré ces évidences, certains chroniqueurs feront le choix paresseux, ce 6 novembre, de braquer les projecteurs sur un angle de traitement ô combien ressassé : la longévité exceptionnelle de Paul Biya aux affaires. Non pas qu’une telle option manque de pertinence. Mais l’objectivité n’y est pas toujours de mise. Et comme on peut le subodorer, cette obsession du temps écoulé constitue en réalité un raccourci facile pour disqualifier sans nuances et sans arguments de poids, un magistère présidentiel certes long, mais marqué du sceau de la légalité, de la légitimité populaire, et de grandes avancées dans tous les domaines. Malgré l’immense chantier qui demeure en friche, car la construction démocratique et économique est toujours à parfaire.
 Ne l’oublions pas ! Si Paul Biya est resté jusqu’à ce jour au pouvoir, c’est uniquement parce que les Camerounais l’ont voulu. En effet, comment imaginer une imposture politique qui perdure sans être balayée par de puissants vents contraires ? A moins que l’on ne soit dans un régime dictatorial, autocratique. Mais ce n’est pas le cas ! 
Une chose est sûre : au départ, comme après 42 ans, Paul Biya est toujours un sujet, comme on dit. Il intrigue. Il fascine. Il déroute. Il y a quelques années, un institut de mesure d’audience français avait choisi de réaliser un sondage en Afrique sur les présidents les plus aimés. Devant le score remarquable attribué à Paul Biya, les sondeurs hexagonaux s’étaient pour ainsi dire étranglés de rage. Pourquoi Biya serait-il aimé plus que d’autres, et dans ces proportions ? Question lancinante qui a tout son sens, et que les incrédules nourris au scepticisme et aux a priori sur l’Afrique ne prennent jamais le temps d’explorer. Si le Cameroun et son leader restent debout et fiers, droits dans leurs bottes, malgré les crocs-en-jambes et les tentatives de déstabilisation de l’intérieur comme de l’extérieur, il y a matière à réflexion.
Car le président est aimé ! Quels sont les ressorts d’un amour entre un homme d’Etat et le peuple qu’il sert ? Il y a là sans aucun doute quelque chose de mystérieux, voire de mystique. Mais des raisons objectives existent : l’espoir que Paul Biya, homme ouvert et peu enclin au clanisme, a représenté dès son entrée en fonction, dans un pays multiculturel où se côtoient une foultitude de langues, religions, et traditions. Avec le risque toujours présent d’un repli identitaire qui pourrait saborder le vivre-ensemble. Si on devait absolument en trouver d’autres, ce serait l’adhésion à son projet politique : développement, démocratie, souveraineté, rigueur et moralisation. Ses innombrables réalisations démocratiques, économiques et sociales. Sa très haute stature diplomatique. Sa distance avec le matérialisme. Sa pondération. Son profil d’homme de paix. Son humanisme. Son panafricanisme assumé, et son combat pour une Afrique forte et fière, libérée des influences, occupant sa juste place dans le concert des nations.
On le voit : cet attachement n’a rien de sentimental. Il est fondé sur l’intérêt et la raison, la conviction partagée que le Chef de l’Etat gère la nation en bon père de famille. Une partie importante des Camerounais est donc attachée au Père du Renouveau et à sa vision d’un Cameroun prospère et...

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