« Il y a des carences dans l’organisation »

Kisito Eloundou, entraîneur de football.

Les Lions cadets ont été éliminés de la Coupe d’Afrique des nations de leur catégorie dimanche dernier. Comment expliquer cette sortie précoce ?
L’élimination des U17 de la CAN, mais aussi de la Coupe du monde, repose sur l’ensemble de l’organisation du football jeunes dans notre pays qui accuse beaucoup de carences. Sur le cas spécifique de cette compétition, je parlerais du manque de compétitivité. En termes d’individualités, cette équipe U17 a du talent, mais ce talent n’est pas nourri, il n’est pas évalué dans le cadre de matchs à enjeux ou de compétitions avec un titre au bout du tunnel. C’est cela qui leur permettra d’avoir des ambitions, d’avancer jusqu’à un certain seuil. Cette tranche d’âge est dans un processus de formation, mais elle doit négocier avec le fait qu’elle rentre déjà dans les compétitions de haut niveau et toutes les exigences qu’elles comportent. Il leur faut donc plus de tournois afin que les plus assidus, les plus talentueux atteignent les sélections supérieures pour achever leur rêve au sein de l’équipe nationale fanion.


Comment le championnat national jeunes, première pépinière de talents, peut-il être réorganisé afin de rendre ces talents plus compétitifs à l’international ?
En un mot comme en mille, la réorganisation du football au Cameroun dépend de la volonté. Selon moi, il faut revoir le niveau amateur. Dans les équipes du championnat de quatrième division qui se joue dans le cadre des arrondissements, on peut affilier les joueurs U16 et U17. Ensuite, on peut associer les U19 et U20 au niveau départemental, tout en capitalisant avec des jeunes plus doués qui sont déjà en ligue professionnelle, mais qui faute de temps de jeu dans les clubs d’élite, peuvent revenir jouer dans ces divisions inférieures pour rester compétitifs. Les meilleurs d’entre eux pourront ensuite être intégrés dans les équipes d’Elite Two et d’Elite One. L’Académie nationale de football (Anafoot) pourrait les intégrer aussi dans son programme Sport-Etudes avant de les reverser dans d’autres clubs. Avec une trentaine de matchs dans les jambes, ils seront plus à même d’aborder des CAN de leur catégorie. Il est important de s’affilier également dans des tournois organisés en Afrique de l’Ouest, du Nord et même en Afrique australe, pour que ces enfants s’habituent progressivement avec la compétition. On pourra ainsi mieux les évaluer. 


Le cahier de charges des clubs professionnels préconise la création d’équipes jeunes, avec un championnat opposant ces différentes équipes. Pourquoi cette option semble irréalisable aujourd’hui, pourtant cela coulait de source il y a quelques années ?
Le cahier de charges est une chose, mais la réalité sur le terrain en est une autre. Il y a un manque de rigueur de la structure en charge du développement du football à la Fédération camerounaise de football. Il faut que cette structure soit encadrée par des professionnels qui maîtrisent la formation et qui vont veiller de manière rigoureuse à ce que les enseignements soient véritablement appliqués. Il faut s’assurer également que ces jeunes pourront avoir des cadres où jouer, ceci en collaboration avec l’Office national des infrastructures et des équipements sportifs (ONIES). Dans le passé, en levée de rideau de matchs d’élite comme Canon-Union par exemple, vous aviez des équipes minimes et juniors de ces mêmes clubs qui devaient s’affronter. Cela permettait à ces différents clubs d’avoir une relève bien annoncée. Actuellement, cette option est pratiquement irréalisable si l’on considère les budgets des équipes. Si les dirigeants n’arrivent pas à entretenir l’équipe première, que pourront-ils faire de ces jeunes joueurs ?


La formation et le suivi des jeunes talents présentent visiblement des limites. Comment peut-on améliorer ces aspects de la détection ?
Cette formation et ce ...

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