« Gérer le marché du travail coûte très cher »

Camille Moute à Bidias, directeur général du Fonds national de l’emploi.

Quel est le bilan chiffré que vous pouvez faire de votre action aujourd’hui ?

Actuellement nous sommes à 1,150 millions de personnes inscrites dans notre base de données après trente ans. Ce chiffre ne représente pas forcément toutes les personnes qui sont à la recherche d’un emploi. Donc sur ce côté-là, je ne peux pas vous dire qu’on est satisfait puisqu’on n’est pas arrivé à mettre sur le marché toutes les personnes qui cherchent de l’emploi. Du côté de l’offre, nous avons entre 35 et 40% du marché. A ce jour, 60% (plus de 600 000) au moins des personnes qui sont passées par le Fne ont trouvé à un moment du travail. Et c’est assez satisfaisant, parce que non seulement je n’ai pas toute la demande d’emploi du Cameroun mais pou mes clients, j’ai pu trouver des solutions pour 60%. La cause de cela étant le déséquilibre profond qu’il y a sur le marché de l’emploi au Cameroun. Nous avons donné des compétences à des gens qui n’avaient pas de compétences métier pour pouvoir travailler à près de 120 000 personnes. Concernant notre troisième axe qui est la création d’activités, à ce jour, nous sommes à près de 75 000 petits projets, ce qu’on appelle auto-emploi que nous avons promus et ceci a produit de façon directe ou indirecte plus de 225 000 emplois. Mais donner des chiffres comme ça ne signifie rien. Cette période de confinement vient de nous permettre de faire un balayage de notre base de données. Nous trouvons que des personnes que nous avons encore dans notre base comme chercheurs d’emplois ont déjà du travail mais on n’a pas d’informations en retour.

Quels sont les outils de pilotage dont vous disposez ?

Nous avons un centre d’évaluation des compétences à Douala qui a pour vocation de permettre aux entreprises de faire des tests de recrutement pour les personnes qu’elles veulent recruter ou alors de faire des tests de son personnel pour un meilleur repositionnement des agents dans l’entreprise. C’est un outil que nous avons mis en place et qui est gratuit. Nous avons des choses comme des bourses de l’emploi que nous organisons, des sectoriels pour connaître les besoins. Ceci nous permet de concevoir des programmes de formations adaptés aux vrais besoins des entreprises. Quand on parle des statistiques du Fne, il ne faut pas rester sur les chiffres, il faut voir l’action globale que le Fne mène pour rendre le marché de l’emploi actif. Le projet Ucep par exemple, c’est un projet pour le chômage des jeunes qui sont dans les villes, quand on va dire qu’à Ebolowa par exemple, nous avons pris 50 jeunes, on va retenir juste ce nombre et pourtant derrière il y a un impact de ce travail des jeunes sur l’environnement.

Le Fne c’est 30 ans, c’est aussi beaucoup de difficultés dont un ralentissement des activités depuis quatre ans. Quels sont les obstacles auxquels vous faites face au quotidien ?

C’est une question qui est générale pour tous les services d’emploi publics en Afrique. Je suis président d’honneur des services d’emploi public dans le monde et nous menons ce plaidoyer pour sensibiliser nos gouvernements sur le fait que gérer le marché du travail coûte très cher. Je vous prends un exemple, vous formez 100 000 jeunes, le coût d’une formation moyenne c’est 350 000 F, ça fait 35 milliards. Imaginez donc que vous donnez des compétences à un million de jeunes, ça fait 350 milliards de F. Si vous voulez financer 100 000 projets de jeunes à raison d’un millio...

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