Des stades, finalement pour quoi faire ?

Trois ans après la CAN, le championnat national est régulièrement perturbé pour des problèmes de stades.

 

Un paradoxe. Le président de la République, Paul Biya a été honoré le 16 décembre dernier par la Confédération africaine de football (CAF) pour son engagement exemplaire en faveur du développement du football au Cameroun. Avec notamment un ambitieux programme de construction d’infrastructures de pointe. Des stades neufs ou complètement rénovés, qui ont permis au pays d’organiser successivement, et avec brio, trois des compétitions majeures de la CAF : la Coupe d’Afrique des Nations de football féminin en 2016, le Championnat d’Afrique des Nations en 2021 et la Coupe d’Afrique des Nations en 2022. Au-delà de ces événements ponctuels, les infrastructures ainsi offertes à la jeunesse camerounaise ont été conçues comme un investissement pour la durée. Six stades aux standards internationaux, un cadre propice à l’expression des talents dont regorge indéniablement le Cameroun et qui, génération après génération, font la réputation de son football depuis une quarantaine d’années…
Mais voilà : trois ans après la CAN, le championnat national est régulièrement perturbé pour des problèmes de stades. C’est curieux, mais la situation est là. La Fédération camerounaise de football, à travers son Secrétaire général a appelé les clubs des championnats d’élite, le 10 janvier dernier, à prendre des dispositions pour choisir les stades dans lesquels ils accueillent leurs matches. Un plan B destiné à résoudre un gros embarras. La FECAFOOT dit ne plus être en mesure de payer la facture de la location des stades auprès de l’Office national des Infrastructures et équipements sportifs. En d’autres termes, on pourrait bien retourner jouer sur des terrains en terre, comme de vulgaires championnats de quartier. L’ONIES, créé par le président de la République au lendemain de la CAN 2022, a globalement hérité de la charge de la gestion, de la maintenance et de la rentabilisation des investissements consentis par l’Etat dans ce domaine. L’établissement public s’est donc mis en place et fonctionne après avoir établi un certain nombre de règles conformément à ses textes organiques. L’Office fait par exemple louer les infrastructures aux utilisateurs, à l’instar des fédérations sportives. Et la FECAFOOT trouve « exorbitant », le coût de ces infrastructures, comme le laissait clairement entendre dans ces mêmes colonnes, le Secrétaire général du Conseil transitoire du football professionnel, Faustin Blaise Mbida.
Dans cette relation, les rapports entre la FECAFOOT et l’ONIES ont été marqués depuis la saison dernière par des incompréhensions en série. Aussi bien lorsqu’il s’est agi de matches de l’équipe nationale fanion, que de ceux du championnat national. Querelles sur les choix et la disponibilité des sites, électricité coupée en plein match, stade inaccessible à des équipes venues jouer. Autant de situations qui entretiennent cette impression de paradoxe. Et finalement de gâchis.
Car, quel que soit le bout par lequel on prend l’affaire, elle laisse toujours un sentiment de désolation. Pourquoi donc avoir construit tant de stades au Cameroun, si c’était pour qu’ils ne servent pas après la CAN ? Combien de matches, combien de manifestations se sont déroulés dans chacun de ces six stades depuis la fin de la finale Egypte-Sénégal ? Chacun peut aisément faire le décompte et il verra qu’en dehors du stade Ahmadou Ahidjo qui a abrité des matches de l’équipe nationale et la finale de la Coupe du Cameroun, pas grand-chose ne s’est passé dans nos belles infrastructures. Le championnat national d’élite doit souvent se contenter des stades annexes dont on connaît les limites en termes d’attractivité et de confort. Pour quelle jeunesse le président a-t-il donc fait construire tout ça, si les amoureux de football doivent, trois ans après, se limiter à admirer de loin, ou en photo, ces joyaux censés redonner envie d’aller au stade et offrir un spectacle de meilleure qualité ?
Comme on peut le voir sous d’autres cieux, là où le football professionnel a véritable pri...

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